À Rosso-Sénégal, les piroguiers tirent la sonnette d’alarme face au silence prolongé de l’AGEROUTE. Impactés par la construction du pont de Rosso, qui reliera prochainement le Sénégal à la Mauritanie, ils dénoncent le non-respect des engagements pris depuis 2020.
Avant le lancement des travaux, un accord avait été conclu avec l’AGEROUTE pour dédommager les piroguiers. Ces derniers assurent depuis des décennies la traversée quotidienne des passagers entre les deux rives, moyennant une modeste rémunération. Mais avec l’ouverture du pont prévue en juillet 2026, cette activité prendra fin, privant ces hommes de leur unique source de revenus.
« Ils avaient promis de nous indemniser et de nous recruter sur le chantier. Jusqu’à présent, moins de 80 personnes ont été partiellement payées, et aucun piroguier n’a été embauché », déplore Ousseynou Ba, président des piroguiers.
Les piroguiers disent avoir été contraints d’ouvrir des comptes bancaires en prévision des paiements, mais la plupart sont restés vides. Plusieurs réunions ont eu lieu avec l’AGEROUTE, mais aucun document officiel ne leur a été remis, alimentant la méfiance et le sentiment d’abandon.
Aujourd’hui, ils interpellent l’État du Sénégal et appellent à une solution urgente. « Si le pont est inauguré sans qu’on soit dédommagé, on ne quittera pas les lieux. Nous irons jusqu’en justice s’il le faut », avertit un piroguier.
Le pont de Rosso, long de 1 461 mètres, est financé par la Banque Africaine de Développement, l’Union Européenne et la Banque Européenne d’Investissement. Il vise à faciliter les échanges entre Dakar et Nouakchott, mais les piroguiers, eux, craignent d’être les grands perdants de ce projet structurant







