Dakar, UCAD – À l’occasion de la cérémonie de présentation du livre Droit de la gouvernance d’entreprise du professeur Abdoulaye Sakho, l’ancien ministre de l’Intérieur, Mouhamadou Makhtar Cissé, a livré une intervention remarquée sur les défis structurels auxquels sont confrontées les entreprises publiques sénégalaises.
Dans une allocution riche en enseignements, il a salué la pertinence de l’ouvrage, tout en insistant sur la nécessité de repenser la gouvernance des structures publiques. Selon lui, l’entreprise publique poursuit des objectifs multiples – économiques, sociaux et d’intérêt général – ce qui rend sa gestion plus complexe. « La rentabilité financière n’est pas toujours atteignable, mais la viabilité financière est un impératif », a-t-il rappelé, prenant l’exemple du secteur de l’eau.
Makhtar Cissé a ensuite mis l’accent sur l’importance du contrôle interne dans la gouvernance des entreprises, en particulier le rôle central de l’audit interne, de l’évaluation des risques et du contrôle de conformité. Ces mécanismes, a-t-il soutenu, sont indispensables pour garantir la performance et prévenir les dérives.
L’ancien ministre a dénoncé une confusion persistante entre l’entreprise et l’administration, une réalité qu’il considère comme un frein majeur à la performance des entités publiques. « L’État, l’administration, mais aussi les corps de contrôle, ne comprennent pas toujours la logique de l’entreprise. Et ceux qui y travaillent reproduisent des réflexes de fonctionnaires », a-t-il déploré.
Pour M. Cissé, l’un des leviers les plus décisifs reste le choix des dirigeants, à la fois des organes délibérants et exécutifs. Il a souligné que la qualité des ressources humaines, notamment au sommet des entreprises, est déterminante pour leur efficacité. « L’homme est la clé. Sans bon leadership, il est impossible d’inverser la dynamique actuelle », a-t-il martelé.
Enfin, il a appelé à un changement de culture managériale dans le secteur public, estimant que les résistances internes sont fortes, notamment du fait du confort qu’offre le statut de fonctionnaire. Pour lui, seules des réformes profondes et une gouvernance fondée sur la compétence, l’engagement et la redevabilité permettront aux entreprises publiques de remplir durablement leurs missions.







