Dakar, 18 juillet 2025 – L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye est accusé de plagiat par la journaliste d’investigation Zeynab Sangaré. Cette dernière a déposé, ce jeudi, une plainte pour contrefaçon auprès du procureur de la République, l’accusant d’avoir reproduit des extraits et des idées de son ouvrage à paraître, intitulé « L’Afrique en quête de souveraineté face aux opportunités des conflits de la géopolitique mondiale ».
Selon les informations rapportées par L’Observateur, l’affaire remonte à plusieurs mois. Zeynab Sangaré affirme avoir bouclé son manuscrit en janvier 2025, après « plusieurs années de recherches » menées en collaboration avec des professionnels du monde éditorial et intellectuel. Dans la foulée, elle obtient l’accord écrit du Premier ministre Ousmane Sonko pour signer la préface de son livre. Elle aurait ensuite approché Abdoul Mbaye pour la rédaction de la postface.
Le 10 avril, l’ancien chef du gouvernement lui aurait adressé un courrier encourageant, lui suggérant de prendre contact avec son conseiller à la Culture, tout en saluant son « engagement intellectuel remarquable ». Enthousiaste, Abdoul Mbaye aurait fait plusieurs propositions, dont une version de texte destinée à la préface – et non à la postface comme prévu initialement.
Mais selon la plaignante, les discussions se seraient envenimées lors d’un dernier échange, où Abdoul Mbaye aurait exprimé des réserves sur l’usage de son texte en postface, allant jusqu’à évoquer le risque d’un « plagiat inversé ». Deux jours plus tard, le 2 juillet, il publie un article sur le site Seneplus intitulé « L’Afrique en quête de souveraineté » – un titre identique à celui du livre de Zeynab Sangaré.
Pour la journaliste, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un plagiat : elle accuse Abdoul Mbaye d’avoir repris, « mot pour mot », non seulement le titre, mais également les idées structurantes de son ouvrage. Le 4 juillet, elle dénonce dans un communiqué ce qu’elle qualifie d’« acte grave, injustifiable et profondément honteux », qu’elle assimile à un « vol intellectuel » contre sa personne et contre « tous ceux qui défendent une Afrique libre, souveraine et debout ».
Dans une réaction relayée par L’Observateur, Christophe Banko, directeur exécutif de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), parti fondé par Abdoul Mbaye, a tenté de clarifier la position de son mentor. Selon lui, l’ancien Premier ministre avait initialement accepté de signer la préface, avant que Zeynab Sangaré ne lui propose finalement une postface – une idée qu’il n’aurait pas approuvée. Il aurait alors décidé de publier son texte sur Seneplus, estimant rester « maître de sa production intellectuelle ».
Banko précise également que le manuscrit de la journaliste ne comportait « ni pagination ni éléments formels de protection », laissant entendre qu’il serait difficile de prouver un plagiat juridique sans reproduction explicite de passages protégés.
Désormais, le dossier est entre les mains de la justice. Si les faits sont avérés, cette affaire pourrait marquer un tournant dans les débats sur la propriété intellectuelle au Sénégal.
